Et une pièce jugée éclatante, une comédie […] Lire la suite, Dans le chapitre « La comédie » 3-25 octobre 1989, https://www.universalis.fr/encyclopedie/l-ecole-des-femmes-moliere/, Une subversion religieuse, morale et littéraire, dictionnaire de l'Encyclopædia Universalis. Quelles sont les conditions des représentations ? Les questions révèlent la blessure d’Arnolphe, et son ironie est très amère : « Le deviez-vous aimer, impertinente ? : […] Parfois c’est le contexte qui rend le mot plaisant, comme la comparaison d'Alain, "la femme est justement le potage de l'homme" (II, 3) ou les tautologies : v. 423-425 et 446. »), et jusqu’à une comparaison animale qui fait d’elle l’image du démon : « petit serpent que j’ai réchauffé dans mon sein ». Aussi, pour avoir une épouse à sa guise, il fait élever sa jeune pupille, Agnès, au fond de sa maison, sous la garde d’un valet et d’une servante aussi niais qu’elle. Et cette conception est soutenue par l'Église, à partir des épîtres de Saint-Paul : pour lui la femme pécheresse est un "cloaque". En unissant ces deux tendances, Molière parvient ainsi à toucher aussi bien le public populaire, celui du « parterre », que les spectateurs plus raffinés, même si certains se montrent choqués par des effets comiques jugés de « bas niveau ». Enfin, il est obligé d’entendre sa propre critique et de supporter les éclats de rire d’Horace qui le peint comme un homme ridicule avec ses précautions inutiles : « mon jaloux », « cet homme gendarmé ». Pour appuyer cette conception, Arnolphe fait appel à l'éducation religieuse reçue par Agnès au couvent. Mais le spectateur peut-il croire en la sincérité de ce nouvel Arnolphe ? Est-elle vraisemblable ? URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/l-ecole-des-femmes-moliere/, Encyclopædia Universalis - Contact - Mentions légales - Consentement RGPD, Consulter le dictionnaire de l'Encyclopædia Universalis. un effet comique qui achève de détruire toute illusion de vérité. […] Lire la suite, la rentrée de septembre, pour interdire les signes « ostensibles » à l'école, au nom d'un « sursaut républicain » qui doit aussi concerner les « droits des femmes » et leur « égalité avec les hommes ». Arnolphe tente en vain de le combattre : chaque précaution se retourne contre lui. Une série d'exemples soutient cette argumentation, en jouant sur une triple gradation. Musée Carnavalet, Paris. Il interdit alors à la jeune fille de le voir, lui ordonnant de jeter « un grès par la fenêtre » pour le chasser, et lui annonce que lui-même va l’épouser : « Je suis maître, je parle : allez, obéissez. C’est dans le monologue de la fin de l’acte III, après avoir découvert la lettre écrite par Agnès à Horace que, pour la première fois, Arnolphe déclarait : « Et cependant je l’aime » (v. 998). Inscrivez-vous à notre newsletter hebdomadaire et recevez en cadeau un ebook au choix ! faut-il tenir compte de leur nature, autrement dit de leur aptitude au plaisir, ou bien faut-il s'appuyer sur la morale des pères et sur la religion pour les tenir dans leurs devoirs de femmes bientôt mariées ? La Préciosité : une nouvelle image des femmes. Cela reflète une société où la femme est le jouet de l’homme. Le comique de cette scène vient donc de l'inversion de situation au cours du dialogue. L'École des femmes va bien plus loin : par delà cette situation de théâtre stéréotypée, elle éclaire un moment capital de l'histoire des idées, l'émergence de la conscience individuelle comme référence éthique. » Cette affirmation de soi va de pair avec une forme d’égoïsme, nécessaire pour se protéger : ses réponses sont blessantes pour Arnolphe, dont elle rejette les déclarations d’amour. Ce sont des femmes souvent fortunées, parfois veuves, qui, grâce à leur situation, sont libres et, surtout, montrent qu’elles sont autonomes et indépendantes. Il s’ouvre par une formule empruntée à l’auteur tragique Corneille : « l’amour est un grand maître » (v. 900), repris par la comparaison à « des miracles ». Résumé : L’École des femmes de Molière (1661) Arnolphe prétend qu’une femme ne peut être sage et vertueuse qu’autant qu’elle est ignorante et niaise. , vers 1650. . Arnolphe, « le nez dans son manteau » pour qu’Agnès ne le reconnaisse pas, l’entraîne. 2 Réhabiliter ce mot est tout sauf du féminisme radical. Mais une morale sans exemples "vertueux" ne saurait être persuasive. - Acte I, scène 4 : Il lui confie sa rencontre avec Agnès et son amour naissant. L'image traditionnelle des femmes. Elle sert non pas à en faire son éloge mais, au contraire, à en dénoncer les torts, les travers, les contradictions d’une société qui se plait dans des traditions absurdes. Au lieu d'être un sujet heureux et une source de joie, c’est un sujet qui entraîne des conflits et des tensions entre les personnages. Les personnages: ARNOLPHE, autrement M. DE LA SOUCHE (le nom renvoie au saint patron des maris trompés "saint Ernol, le seigneur des cocus") Les interrogations oratoires à la fin de sa tirade tombent dans un excès tel que ce discours amoureux devient une caricature : « Veux-tu que je m’arrache un côté de cheveux ? Mais, toujours confiant en l’amitié d’Arnolphe, il lui confie Agnès. On note aussi le comique de répétition, comme le chapeau ôté de la tête d'Alain trois fois dans cette scène, ou la répétition du rejet d’Horace à la scène 4 de l’acte IV. (vers 1766-1767). ». Il en va de même face à Agnès avec le rôle des apartés quand il écoute le récit de la rencontre d'Horace et l'éloge du jeune homme. Son aspect odieux est manifeste dans ce passage. ». La Troupe prend le nom de "Troupe de Monsieur", frère du Roi. - Acte III, scène 4 : Il lui confie la ruse d'Agnès (une lettre avec un naïf aveu d'amour) qui détruit la première "précaution" de celui-ci : l'obliger à renvoyer Horace en lui jetant un « grès ». Arnolphe va tirer profit de cette confidence : il coupe cours à l’amour naissant d’Agnès en lui annonçant son projet de l'épouser et en lui interdisant de revoir le jeune homme. Paradoxe que cette gloire éclatante qui se heurte à d'incessants obstacles... comme pour mieux s'affirmer ! Il faudrait trouver des exemples de bonne moralité chez nos dirigeants politiques, économiques, banquiers... Qu'en pensez vous ? …pour nos abonnés, l’article se compose de 3 pages. D'après Abraham Bosse, Conversation de dames en l'absence de leurs maris : le dîner, XVII° siècle. ", Pour en savoir plus sur la vie de Molière : un site très complet. Les attaques vont bon train, renforcées par, la gloire, en jouant pour les Grands, pour la Cour, à la demande du Roi qui le pensionne, Vers 1600, c’est le règne des contes, des farces et des fabliaux, genres littéraires hérités du moyen-âge : l’on s’y moque des femmes et de leurs multiples défauts, et des maris trompés. Dans ses "placets" au Roi, Molière en appelle à son puissant protecteur, mais il ne renie rien de sa liberté d'auteur, "le devoir de la comédie étant de corriger les hommes en les divertissant. Innovation littéraire en même temps que virulente et originale critique de la société de ce temps, L'école des femmes a considérablement choqué les tenants de la morale traditionnelle. En vérité je ne sais ce que vous m’avez fait ; mais je sens que je suis fâchée à mourir de ce qu’on me fait faire contre vous, que j’aurai toutes les peines du monde à me passer de vous, et que je serais bien aise d’être à vous. Le mariage n'est donc qu'un ensemble de contraintes pour l'épouse, une réalité sociale du XVII° siècle : la femme mariée est juridiquement mineure, cette conception est soutenue par l'Église, Après de brèves salutations, des vers 844 à 852, le passage, qui répond à l’interrogation d’Arnolphe, est, Déjà sa volonté d’abréger les salutations révèle, sa joie, son impatience, son désir de savourer le triomphe dont il est certain, Mais, en même temps, Arnolphe est obligé d’être, hypocrite en continuant à feindre d’être l’ami d’Horac, Une étape a donc été franchie : Arnolphe ne se contente plus de recevoir des confidences, il savoure l’effet de son plan. Elle est précisée à la scène 6 de l'acte V, qui se présente comme l'ultime péripétie : "il m'a marié sans m'en récrire rien" avec la "fille unique" d'Enrique, déclare Horace. Autant d'éléments qui permettent de mieux comprendre la comédie de Molière. Être amoureux ne garantit en rien le mariage car les filles sont livrées aux hommes par des marchés entre les pères de famille. « L'ÉCOLE DES FEMMES, Molière - Fiche de lecture », Encyclopædia Universalis [en ligne], French high-quality classics you always dreamt of but could never find. Corneille et Rotrou avaient d’abord tiré de la comédie d’intrigue romanesque et de registre galant, dans le sillage de la commedia erudita italienne, un miroir flatteur et enjoué de la vie à l’âge des amours et des peines de cœur po […] Le décor et le contexte de L'École des femmes sont à la fois parfaitement conventionnels et radicalement contemporains : « la scène est dans une place de ville », autrement dit dans le lieu carrefour de la comédie, et dans la ville des années 1660, Paris, capitale de la galanterie et dans le même temps dominée par la puissance patrimoniale. Ainsi il lui reproche son inconduite, un manque de morale : « des rendez-vous la nuit », « vous évader sans bruit », « Suivre un galant n’est pas une action infâme ? » (v. 864), « Ils n’ont donc point ouvert ? Effectivement, on constate une réelle évolution d’Agnès depuis l’acte II : elle se révolte contre Arnolphe. En même temps le terme qu’il choisit, « vos amourettes », qui diminue la valeur accordée à l’amour, montre le peu de prix qu’il accorde à ce sentiment. « , « diantre ! Le nom renvoie au saint patron des maris trompés (« saint Arnoul, le seigneur des cous (= cocus) ». De même, Agnès ne reste par longtemps la jeune fille sotte du premier acte : elle devient très vite une femme prête à se battre pour défendre son amour. En même temps, il développe un éloge de sa propre personne pour lui montrer à quel point il lui fait une faveur en l'épousant, mais sans penser un seul instant aux sentiments de la jeune fille. N. Mignard, Molière dans le rôle de César dans "La mort de Pompée" de Corneille, vers 1650. », qui, plus que de l’étonnement face à son propre comportement, peut laisser supposer que tout ce discours n’est qu’une manœuvre de plus pour conserver Agnès en triomphant de ce rival auquel il ne cesse de se comparer : « tu seras cent fois plus heureuse avec moi » (v. 1591). Entre-temps, la comédie a opéré dans la hiérarchie des jugements poétiques une ascension considérable, au point de rivaliser en considération avec le genre tragique. Huile sur toile, 75 x 70. Mais dans l’ensemble les femmes ne se rebellent pas et acceptent de garder le silence : sans éducation, elles n’ont pas d’autre choix. A l’école de l’Amour, Agnès démontre qu’il est dangereux de sous-estimer les jeunes filles. Le public ne peut que se placer dans le camp de ces deux jeunes amoureux, touchants par leur vérité. » (vers 143-146) Il s’agit là de, la précaution prise par Arnolphe pour isoler Agnès, Ce double lieu, associé au double nom du personnage, est la source du quiproquo sur lequel est fondée l’intrigue, Horace ne connaît le héros que sous son nom d’Arnolphe, l’intrigue, organisée autour de cinq rencontres, chaque "confidence" d'Horace entraîne une "précaution" d'Arnolphe, mais chaque "précaution" se révèle inutile, Dans sa Préface, écrite après les critiques adressées à sa pièce, Molière insiste sur, En unissant ces deux tendances, Molière parvient ainsi à, toucher aussi bien le public populaire, celui du « parterre », que les spectateurs plus raffinés, le comique né des gestes, des mouvements, des mimiques, explicitement signalés dans les didascalies, imaginer les gestes et les mouvements nés du texte, et que l'acteur, guidé par son metteur en scène, va créer librement, On retrouve les personnages comiques chers à Molière : le valet, ici doublé du paysan.